Les documents papier, comme tous les supports physiques, peuvent bien sûr être porteurs de bactéries. Ce n’est pas en soi une information inédite, mais dans une période où le public est en proie à une phobie sanitaire, le sujet mérite d’être creusé.
D’autant que, sur ce sujet comme bien d’autres, l’industrie des arts graphiques fait actuellement encore la preuve de son sens de l’innovation en proposant des vernis et pelliculages antibactériens. Il ne faudrait pour autant pas que la promotion de ces substrats ne joue in fine contre le papier qui pourrait ainsi être pointé du doigt comme étant un facteur de communication des virus.
Vernis et pelliculages antibactériens, le choix existe
Varcotec, fabricant basé à Stuttgart, a développé en collaboration avec l’Université allemande de Regensburg un vernis antimicrobien, le Galaxy Lock 3. Il semble que ce soit à ce jour le seul vernis fiable applicable sur des matériaux absorbants tels que le papier et le carton.
Le vernis à base d’eau possède une fonction antimicrobienne activée par l’oxygène et la lumière du jour ou la lumière artificielle. Le processus de stérilisation photodynamique permet d’inactiver les germes pathogènes – bactéries, virus, champignons et spores – et est efficace pendant au moins un an.
Ce principe a été testé cliniquement par des instituts indépendants (Quality Labs, Fraunhofer et Eurovir) qui ont montré une réduction efficace des germes jusqu’à 99,9% (selon la norme ISO 22196). Nous précisons néanmoins qu’aucun test Covid-19 n’a été spécifiquement réalisé.
Le Galaxy Lock 3 existe en brillant, mat et satiné, et est applicable par les imprimeurs comme un vernis acrylique en 1 couche, ou 2 pour les papiers non couchés.
Côté pelliculage, Derprosa, un industriel espagnol, a décidé en mai de relancer la production de films antibactériens qui avaient été supprimés de son offre. Les pelliculages Bacterstop existent en brillant et en mat. Ils s’appliquent sur tous les types de supports papiers et cartons et ont les mêmes propriétés mécaniques que les films « conventionnels » du fabricant.
Leur principe antibactérien a également été testé par des laboratoires indépendants qui ont confirmé une efficacité supérieure à 99% contre tout type de bactéries (selon la norme ISO 22196). Dans ce cas également, aucun test spécifique Covid-19 n’a été effectué.
Pour chacune des 2 solutions, vernis et pelliculage antibactériens, des certificats sont disponibles pour attester de leur efficacité.
Pour quels usages ?
Les applications sont nombreuses pour ceux qui souhaitent afficher une totale protection de leurs documents contre les bactéries, dans des environnements ou auprès de clients dits « sensibles » : hôpitaux, lieux publics, salons, opérations de street marketing, packaging, seniors…
Le sujet est sans limites et nous pourrions quasiment énumérer toutes les familles d’imprimés papiers ou cartons.
Pour autant, cette frénésie de sécurité sanitaire a-t-elle touché d’autres champs de notre vie quotidienne ? Lorsque nous faisons nos achats de vêtements, de produits alimentaires, d’outils… trouvons-nous une offre garantie anti Covid ? Bien sûr que non.
C’est certes un plus de pouvoir disposer de solutions sanitaires dans notre métier du print mais est-ce réaliste de vouloir l’appliquer à tous nos documents imprimés ?
« Covidwashing » ou pas ? La question reste posée.
Si chaque imprimeur est naturellement sollicité par ses fournisseurs, si ces solutions qui font actuellement le buzz interpellent de plus en plus les donneurs d’ordre, est-il réaliste de basculer ses impressions vers ces types de finition ?
Du point de vue sanitaire, un certain niveau de protection est garanti même si aucun test spécifique n’a été réalisé sur le coronavirus. Il faut donc être prudent sur les informations sanitaires portées sur les produits imprimés.
D’un strict point de vue technique, il n’y a aucun obstacle infranchissable. On peut en effet sans mal remplacer un pelliculage ou un vernis standard par son équivalent en antibactérien. Sur les documents qui habituellement n’avaient pas de protection, on peut également ajouter la finition antibactérienne la plus adaptée au support.
Et du côté des imprimeurs ?
Il faudra trouver le fournisseur qui propose ces types de substrats en en acceptant les contraintes industrielles. Si passer en production d’un type de vernis acrylique ou de pelliculage à un autre n’est pas très compliqué, ce qui pose problème c’est la durée de vie du produit.
Une bobine de pelliculage avec un traitement de surface spécial est bonne à jeter au bout de quelques mois. On imagine bien qu’aucun industriel ne risquera d’acheter ce type de matière s’il n’a pas la garantie de pouvoir l’écouler ou de pouvoir répercuter son prix d’achat sur les quelques marchés qu’il aura à traiter.
Quelle élasticité prix envisagent les clients potentiels ? Ils peuvent se dire que le « qui peut le plus, peut le moins » et seraient tentés de mettre de l’antibactérien partout. Si l’écart de tarif est trop important comparé à une production classique, les velléités du 100% safe risquent probablement d’être mises à mal…
Du coup, le sujet reste entier. Il existe des solutions et notre premier devoir est d’en informer ceux qui pourraient en avoir l’utilité, en espérant que tout ce battage médiatique ne jouera pas contre le papier. Mais quels seront les véritables débouchés et quelles seront les vraies applications industrielles ? Les seuls effets d’annonce que nous voyons fleurir en ce moment se heurteront probablement à une certaine réalité économique. Il n’en demeure pas moins que l’enjeu est véritable et que l’objectif n’est pas seulement de surfer sur l’effet Covid-19. Nous saurons conseiller nos clients pour trouver la solution la plus adéquate à leur projet.